Episode 18 – Julien LABERDESQUE

Julien LABERDESQUE – 6 mai 1917

Biographie

Ses parents, Pierre-Noël Laberdesque  (né à Peyroy le 8 janvier 1835) et Suzanne Fourcade (née à Jacoulou le 5 mars 1851) se sont mariés le 29 mai 1876.Ils ont eu 6 enfants:

-Catherine, née le 17 septembre 1877, mariée avec Pierre Castaing en 1904 et décédée à Casteide Candau en 1948

-Suzanne Marcelle, née le 1er juillet 1879, mariée à Hagétaubin avec Jean Suberbielle , le 5 novembre 1900

-Julien, né le 27 avril 1882….

-Marie Suzanne, née le24 décembre 1886, mariée  à Hagétaubin le 24 novembre 1921, avec Raymond Castagnous.

-Jean, né le 10 avril 1889. Pas d’autres renseignements pour l’instant…

-Lucien, né le 11 mai 1891; engagé volontaire,  a fait la totalité de la  guerre. A été en Algérie et s’est marié à Mostaganem, le 17 décembre 1936, avec Rose Eloïse Louise Espinassier…

Julien est incorporé le 15 novembre 1903, envoyé dans la disponibilité le 18 septembre 1904 car fils aîné d’un septuagénaire. Certificat de bonne conduite accordé. Il a effectué 2 périodes de réserviste au 18eRI de Pau, du 26 août au 22 septembre 1908 et du 29 mars au 14 avril 1911. Rappelé à la mobilisation générale le 2 août 1914, il est arrivé au corps le 11 août et au front le 22 septembre, avec le 218e Régiment d’infanterie de Pau. Tué sur le champ de bataille à Craonne le 6 mai 1917. Avis officiel du 15 juin 1917. Un secours immédiat de 150 Francs a été versé à son père le 21 juillet 1917.

Contexte et circonstances de la mort

La mort de Julien LABERDESQUE est à placer dans le contexte de la Bataille du Chemin des Dames, aussi appelée seconde bataille de l’Aisne ou « offensive Nivelle » .

.Elle commence le 16 avril 1917 à 6 heures du matin par la tentative française de rupture du front allemand entre Soissons et Reims vers Laon, sous les ordres du général Nivelle : « L’heure est venue, confiance, courage et vive la France ! ».

 La bataille se prolonge jusqu’au 24 octobre 1917 avec des résultats stratégiques discutés et de très lourdes pertes humaines dans les deux camps. Le 5 mai 1917, la 36e Division d’infanterie, essentiellement composée de régiments du Sud Ouest est lancée à l’assaut du plateau de Californie

Extrait tiré de l’historique du 218eRI, régiment de Julien LABERDESQUE tableaudhonneur.fre.fr>218eRI

“Le 2 mai, le régiment est rassemblé à Maizy, où il se repose les 3 et 4 mai. Le 5 mai, 1e 218e est lancé dans la fournaise avec le 18e (Pau), le 34e (Mont de Marsan) et le 49e (Bayonne). Objectif : le plateau de Californie. Le plateau est conquis, mais il faut le garder. Le Boche contre-attaque sans cesse avec une énergie farouche : il ne reprendra pas cependant ce qu’il a perdu : « Nous y sommes, nous y restons », lui crient nos héroïques Béarnais. Le 5e bataillon est cité à l’ordre du 18e C. A.

 La victoire est à nous, mais elle est chèrement achetée ; les chiffres sont éloquents : Le 5e bataillon perd son chef de bataillon, 4 capitaines, 6 lieutenants ou sous-lieutenants, 225 hommes de troupe, tués, blessés ou disparus. Le 6e bataillon perd son chef de bataillon et 91 hommes de troupe, tués, blessés ou disparus. Le 9 mai, le régiment est relevé et bivouaque au Champ d’Asile. Le 10 mai, il est enlevé en auto et débarque le même jour à 16 heures, à Mareuil-en-Dôle, où il cantonne. Le 11 mai, le 218e quitte Mareuil-en-Dôle et se rend, par voie de terre, à la Fère-en-Tardenois. C’est la dernière étape”.

Dans le même temps, Les pertes s’élèvent autour de 800 hommes pour le 18e régiment d’infanterie entre le 4 et le 8 mai et plus de 1 100 hommes pour le 34e régiment d’infanterie.  

Le Plateau de Californie pendant la Grande Guerre   

Véritable forteresse naturelle au cœur du dispositif défensif allemand, le plateau de Californie resta un objectif stratégique jusqu’en 1918 : le plateau était traversé par des tunnels débouchant sur des cavernes fortifiées (comme la Caverne du Dragon ou le Tunnel de Winterberg). Mais alors que Verdun a été rapidement érigé en symbole national de la victoire, le plateau de Californie et le Chemin des Dames ont été longtemps associés à l’échec cuisant de l’offensive Nivelle d’avril 1917 et aux mutineries de Craonne qui ont suivi. Le nom de Craonne, située au cœur de la bataille du Chemin des Dames, a été popularisé par La Chanson de Craonne (Voir annexe 3) qui reste associée aux mutins de 1917 de la Première Guerre mondiale.

 Après la guerre, le plateau fut classé en zone rouge : les cultures y furent interdites. On reboisa alors le plateau ; aujourd’hui encore, c’est une forêt domaniale exploitée par l’Office national des forêts.

 En 1998, une sculpture monumentale de quatre mètres de haut, Ils n’ont pas choisi leur sépulture a été érigée sur le plateau de Californie. Cette commande publique, réalisée par le sculpteur français Haïm Kern (1930– ), célèbre le quatre-vingtième anniversaire de l’armistice de 1918. C’est Lionel JospinPremier ministre à l’époque, qui inaugura le monument le 5 novembre 1998. Dans son discours, Lionel Jospin souhaita que les Soldats fusillés pour l’exemple, « épuisés par des attaques condamnées à l’avance, glissant dans une boue trempée de sang, plongés dans un désespoir sans fond », qui « refusèrent d’être des sacrifiés », victimes « d’une discipline dont la rigueur n’avait d’égale que la dureté des combats, réintègrent aujourd’hui, pleinement, notre mémoire collective nationale. »2.

La chanson de Croanne

La chanson de craonne

Quand au bout d’huit jours, le r’pos terminé,
On va r’prendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c’est bien fini, on en a assez,
Personn’ ne veut plus marcher,
Et le cœur bien gros, comm’ dans un sanglot
On dit adieu aux civ’lots.
Même sans tambour, même sans trompette,
On s’en va là haut en baissant la tête.

Refrain
Adieu la vie, adieu l’amour,
Adieu toutes les femmes.
C’est bien fini, c’est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C’est à Craonne, sur le plateau,
Qu’on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C’est nous les sacrifiés !

C’est malheureux d’voir sur les grands boul’vards
Tous ces gros qui font leur foire ;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c’est pas la mêm’ chose.
Au lieu de s’cacher, tous ces embusqués,
F’raient mieux d’monter aux tranchées
Pour défendr’ leurs biens, car nous n’avons rien,
Nous autr’s, les pauvr’s purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr’ les biens de ces messieurs-là.

 Refrain….

Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l’espérance
Que ce soir viendra la r’lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu’un qui s’avance,
C’est un officier de chasseurs à pied,
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l’ombre, sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.

Refrain….
Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront,
Car c’est pour eux qu’on crève.
Mais c’est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s’ra votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l’plateau,
Car si vous voulez la guerre,
Payez-la de votre peau !

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